Du petit producteur au petit consommateur
L’idée ici c’est de faire ensemble une autre économie. De redonner à une ville, à un quartier, à une rue, un visage plus humain, plus solidaire, plus chaleureux. De penser des lieux qui n’ont pas une fonction unique (marchand, culturel…). De recréer du lien social, de mélanger des populations qui ne le font plus, de réfléchir à une éducation active.
Et aussi d’être respectueux de notre planète, d’avoir une vie plus saine avec de vraies valeurs.
De cette volonté, Joël Cacciaguerra, militant associatif, et Karim Mimouni, gardien d’un îlot Paris Habitat, ont fait naître en février 2012 un beau projet avec un drôle de nom : La grosse patate.

La façade de La grosse patate, boutique coopérative et solidaire dans le 19e.
La grosse patate, c’est un tout petit lieu de 30 m2, au 22, rue Petit dans le 19e. Dans une rue un peu oubliée, un peu défavorisée, avec, il n’y a pas si longtemps, plein d’immeubles insalubres et de marchands de sommeil, et qui en a gardé des traces.

Presque tout est dit sur le volet.
Cette boutique est un lieu qui ressemble à ces anciennes épiceries de village où l’on ne va pas seulement pour acheter. Ou au salon accueillant d’un ami un peu désordonné mais généreux et excentrique.

Un joyeux bric-à-brac : des livres que l’on peut emporter, un canapé pour si on veut rester un peu plus longtemps. À droite : Karim Mimouni et Joël Cacciaguerra.
On y vend des fruits et des légumes à des tout petits prix. Ils ne sont pas chers, pas parce que c’est de la mauvaise qualité mais parce que ce sont des produits de saison, de la région, et achetés directement aux petits producteurs. Et que la structure est gérée pour l’instant à 100 % par des bénévoles. À chaque fois, vous voyez de nouvelles têtes, pas toujours très jeunes, qui vous servent avec un manque d’habitude vite compensé par le sourire et la gentillesse.
À travers cette action marchande, La grosse patate veut créer une autre économie en donnant accès à de bons produits sans tomber dans l’assistanat. On veut ici que même les plus modestes puissent s’acheter des fruits et des légumes. Et des produits sains et qui ont du goût.

Les produits sont régionaux, de saison et de l’agriculture raisonnée. Plus quelques surprises d’amis exploitants au Portugal (oranges, clémentines et citrons) ou au Maghreb.

Les horaires ne sont pas aussi fantaisistes, même s’ils ne sont pas tout à fait fixes.
Le jeudi matin, direction la Seine-et-Marne pour l’approvisionnement auprès de petits producteurs locaux, notamment à la ferme de Signets.
La boutique est ouverte le jeudi après-midi de 15 h à 20 h, les vendredi et samedi de 10 h à 13 h, et de 15 h à 20 h, et le dimanche de 10 h à 14 h.

Des présentations toutes simples, mais suffisantes : un beau produit, un petit prix et un joli panier ou une cagette.
La grosse patate, boutique coopérative et solidaire, vient de remporter le trophée de l’économie sociale et solidaire de la ville de Paris.
Leur rêve, une fois que la structure sera stable et pérennisée, c’est de la confier à un groupe de jeunes. Pour aller vers d’autres projets. Les idées ne manquent pas !
Photos © Gérard Cambon & 4ine