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Petit mystère de la Nature

On l’a certainement appris à l’école. Ou par un grand-parent plus patient que les autres. Mais on a un peu oublié.

Et on s’est senti trop grand pour oser demander de nous l’expliquer encore une fois.
Nous avons décidé de prendre notre courage à deux mains pour reposer la question et savoir enfin. Une bonne fois pour toutes.

Les rêveries d’Hibernatus

 

Cinquième petit mystère :
« l’hibernation »

 

aymee_Nakasato_Ecosse

Écosse © Aymée Nakasato.

 

6 mois tranquilles. Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ?

Si tous les hommes hibernaient pendant l’hiver, nous ne serions plus que 3,25 milliards à vivre et polluer en même temps sur notre planète. Et quel bonheur d’échapper aux mois de grisaille et de froidure et de se réveiller frais et dispos avec le printemps.

Alors pourquoi n’hiberne-t-on pas ? Mais c’est quoi finalement hiberner ?

Les températures anormalement élevées du mois de janvier viennent de sortir momentanément Hibernatus de son sommeil hivernal.

Hibernatus est un mammifère qui, comme tous les hérissons qui se respectent, possède la particularité d’entrer en hibernation au début de l’hiver sous l’action du froid. Son métabolisme s’abaisse fortement (diminution de la température corporelle et du rythme respiratoire). Avant de tomber en léthargie, il se met en boule (en prenant l’apparence d’une châtaigne) dans un nid douillet constitué non seulement de débris végétaux mais également de quelques provisions pour se nourrir durant les phases d’éveil qui émaillent son sommeil. D’autres espèces, comme les ours, certains oiseaux, certains poissons et les grenouilles, possèdent à des degrés divers cette étonnante faculté qui les différencie notamment des animaux homéothermes comme l’homme : pour ces derniers, la température corporelle doit rester constante, quelles que soient les conditions extérieures.

Cependant, des applications thérapeutiques récentes (traitement des infarctus) révéleraient chez l’homme une certaine tolérance à l’abaissement artificiel de sa température corporelle.

 

Hibernatus au bois – Montage réalisé par Claude Bernard.

 

Dans ce demi-réveil, dis-je, Hibernatus se laisse aller maintenant à la rêverie d’un hérisson solitaire où transparaissent vite deux sentiments.

Tout d’abord de l’angoisse : n’allait-il pas, lui et son espèce, périr d’insomnie si le réchauffement climatique engendré par les activités de l’homme venait à s’intensifier ? Au cours des temps, ce repos hivernal n’est-il pas devenu indispensable au lavage du cerveau des hérissons (certains diraient au « reformatage du disque dur ») encombré par les péripéties de la belle saison ?

Ensuite, son regard d’habitude si malicieux est teinté de tristesse et de mélancolie : avec ces périodes d’insomnies hivernales nouvelles et inhabituelles, encore combien de ses congénères vont-ils périr aplatis sur les routes de la planète, qui n’en peut plus du rodéo incessant de ses milliards d’humains.

Malheureusement, à ce moment crucial de la réflexion, un courant d’air froid provoque un court-circuit subit au niveau d’un de ses neurones indispensables à la pensée, et Hibernatus retourne dans son sommeil avec un sentiment piquant d’inachevé…

 


Mélipone

Chercheur honoraire en nutrition animale (ruminants).

La retraite lui laisse peu de temps pour écrire pour Les mots des anges...

Cet article est tir du numro 5 du webzine https://www.lesmotsdesanges.com/V2 imagin par 4ine et ses invits
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