Que fait donc la nature en hiver ?
Septième petit mystère :
« de l’utilité de l’hiver »
Nous venons de franchir le pas : plus de la moitié de l’humanité vit dans les zones urbaines. Et c’est un mouvement pour l’instant irréversible au niveau planétaire.
Pour les citadins, la nature devient rapidement une notion de plus en plus abstraite. À finir par se demander pourquoi elle existe ! Si on leur demandait leur avis, ils rayeraient l’hiver de la carte des saisons. Pour ne garder qu’un éternel été et profiter des terrasses de café sans grelotter.
Mais que fait donc la nature en hiver pendant que les ours hibernent ? Que se passe-t-il sous la terre ?
Mélipone, notre spécialiste nature, a pris le temps d’aller y voir de plus près.
La vie sous terre
On peut considérer que d’un point de vue physico-chimique les sols sont essentiellement constitués d’eau et surtout de minéraux (notamment les argiles) et de matières organiques en voie de dégradation (humus). Ces 2 derniers éléments, en formant un complexe argilo-humique, donnent naissance à des agrégats de formes et dimensions variables qui conditionnent « l’architecture des sols » (les agronomes parleront de structure).
Ces caractéristiques physico-chimiques ne suffisent cependant pas pour définir les sols. En effet, ces derniers sont aussi le site d’un biodynamisme intense mais variable selon les conditions de milieu (voir plus loin). Tout d’abord, la plupart des végétaux y trouvent les conditions indispensables pour ancrer leur partie aérienne, développer leur système racinaire nécessaire à leur croissance (absorption racinaire) et enfin stocker des réserves. Ensuite les sols sont un milieu de vie récurrent ou temporaire pour de très nombreux êtres vivants parmi lesquels figurent des tout petits (bactéries) mais aussi des insectes, des vers, des rongeurs qui y creusent de nombreuses galeries, etc.
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De l’influence de l’hiver.
À première vue, l’hiver, par les modifications souvent brutales des conditions de milieu qu’il entraîne, vient « martyriser » ces différentes formes de vie notamment dans les couches superficielles des sols. Ce sont tout d’abord les pluies abondantes qui, en « fluidifiant » la structure des sols, vont jouer un sale tour à nos forêts soumises aux tempêtes hivernales. Mais que dire de ces voies d’eau, terreur de nos mineurs, qui noient sans discernement les êtres faiblement ou pas mobiles. L’hiver va aussi bousculer le gradient des températures dans le sol. Ainsi le gel va stopper ou détruire la vie dans les couches superficielles, et la survie sera liée, ici aussi, à la faculté de pouvoir se rapprocher (un peu) du noyau de la terre. Inutile de dire que, de ce point de vue, le système racinaire des végétaux est d’autant plus vulnérable qu’il est superficiel. On citera le cas extrême de certains végétaux (céréales d’hiver, doucette, fraisiers) qui sont véritablement « déchaussés » par les cristaux de glace.
L’hiver apporte aussi des bienfaits, subis ou souhaités, dans les sols. En effet, il va être un élément régulateur des populations vivant dans le sol (d’un point de vue écologique) en détruisant « la vermine » néfaste à l’agriculture (d’un point de vue anthropologique). Par ailleurs, il va apporter un concours substantiel à l’agriculteur en ameublissant la structure des sols et notamment celle des « terres fortes » (riches en argile) et labourées en automne. En un mot, l’hiver procède bien de l’ordre éternel des champs.
Puy de Monténard et lac d’Aydat (Auvergne, 63), Noël 2008.
Photos © 4ine.
La retraite lui laisse peu de temps pour écrire pour Les mots des anges...