348 - Rien n’est parfait
Gilbert Garcin m’a dit qu’il n’avait pas de photo préférée. Qu’il ne souhaitait pas non plus faire de commentaires ni d’interviews.
Comme je tenais absolument à vous faire découvrir le personnage et son travail, j’ai décidé exceptionnellement de ne pas suivre la règle.
Nous avons décidé que la photo choisie serait la dernière. Parce qu’elle est la dernière. Je vous invite à découvrir les 347 précédentes sur son site.
Extrait de l’article « On n’est pas sérieux à 77 ans » de Luc Debesnoit (Télérama, no 2950 du 26 juillet 2006)
À Marseille, Gilbert Garcin tenait une boutique de luminaires ; désormais, il exprime sa part sombre et traque l’absurde condition humaine dans de drôles de mises en scène. Succès mondial !… Jusqu’à l’heure de la retraite, c’était un homme discret. Alors en découvrant ses premières photographies il y a une douzaine d’années, ses proches, y compris sa femme Monique, eurent quelque peine à cacher, tout d’abord, de l’étonnement.
Gilbert Garcin ne les avait pas préparés à une telle métamorphose. Monique, qui n’a accepté que récemment de figurer sur certaines de ses photos, le trouve un peu trop occupé par sa photographie : depuis douze ans, Gilbert Garcin y consacre tout son temps, tout ses après-midis à confectionner ses maquettes, ses mises en scène et l’intégralité de ses soirées à répondre aux e-mails des visiteurs de son site…
Ses photos sont désormais exposées et vendues dans les festivals et galeries du monde entier…
Extrait d’un texte d’Armelle Canitrot (sur son site)
Bricoleur et illusionniste, ce cousin de Tati, peu à peu, élabore, par ses créations, une sorte d’autobiographie fictive, mais aussi une philosophie de la comédie humaine.
« En soixante-dix ans, on a amassé dix mille souvenirs, on a une sorte de grenier dans la tête. Des choses empilées qui finissent par resurgir » explique le photographe Gilbert Garcin qui semble bien décidé à profiter de sa retraite pour faire le ménage dans son propre grenier…
Débris rescapés du meccano de son fils, bouts de ficelle et petits cailloux, armé de colle, de ciseaux et de son appareil photo, il bricole de minuscules maquettes, pour lesquelles il bidouille des éclairages « pour faire vrai » et photographie ainsi, jour après jour, les différents actes de son petit théâtre intérieur. Jouant avec ses autoportraits, et clonant sans complexe sa silhouette de « Monsieur Tout-le-Monde », il se met ensuite en scène dans des situations les plus surréalistes. Le voici donc, tour à tour, Sisyphe poussant son énorme pierre, ou pauvre hère derrière une pendule à Courir après le temps, L’égoïste jouant à saute-mouton avec lui-même à perte de vue, ou Le Paon faisant la roue avec sa propre effigie.
Il vit et travaille à Marseille.