Arles 2004
Cette fois-ci, j’ai demandé à une galerie de photographes de m’aider pour le choix du photographe sur ce thème du souvenir et de la mémoire.
Mais pas à n’importe quelle galerie. Une Galerie qui, pour moi, fait bien son travail : présenter et accompagner dans la durée les artistes qu’elle a choisis. Les aider à grandir et se surpasser.
Camera obscura a été créée en 1993 par Didier Brousse et son épouse japonaise, Kyoko. Ils représentent avec exigence et talent une trentaine d’artistes exceptionnels et cosmopolites.
Pour ma requête, Didier a pensé à Patrick Taberna, l’artiste qu’il exposait en début d’année. Il n’est soi-disant pas un professionnel mais c’est un amateur surdoué. Avec comme fils conducteurs la mémoire et l’enfance qui irriguent tout son travail et lui donnent sens.
Laissons-nous envoûter.
« Arles 2004. Après une longue promenade dans la chaleur estivale, nous rentrons nous reposer dans la quiétude et la fraîcheur d’une petite chambre chez l’habitant.
Ma femme et ma fille font la sieste.
Je veux faire un portrait de mon fils qui, à peine assis sur la chaise, se lève pour aller jouer.
Dans cette image reste le souvenir de mon petit garçon à l’âge de 4 ans, qui déjà s’estompe… comme dans ma mémoire. »
Patrick Taberna est né en 1964 à Saint-Jean-de-Luz.
Il vit à Paris.
Lauréat de la fondation HSBC en 2004 pour sa série « Au fil des jours » (publiée aux éditions Actes Sud), il poursuit avec « À contretemps » un travail d’une poésie intimiste, à la fois autobiographie familiale et journal de voyage.
Construisant une œuvre lente (cette série a demandé six années), Patrick Taberna photographie essentiellement en voyage, et sa famille est son principal sujet, ou, du moins, elle est le fil rouge qui suscite et accompagne toute sa photographie.
Le voyage (pas nécessairement lointain) est une stimulation pour l'imaginaire, pour retrouver un esprit d'enfance où toute journée est riche en découvertes, où l'esprit est entièrement dédié à l'instant.
« À contretemps », c'est, dans un léger décalage par rapport au temps du quotidien, une photographie des sensations, ouverte au monde de l'enfance, à cet atelier des souvenirs où se forment les impressions durables qui nous accompagnent toute notre vie.
La simplicité est un équilibre difficile à atteindre. Patrick Taberna réussit dans sa photographie à nous faire partager des émotions profondes et complexes, avec des images dont l'apparente facilité nous renvoie à ces photos-souvenirs que nous faisons tous.
Bernard Plossu écrivait dans la postface du livre « Au fil des jours » : « Ce que je ressens, en voyant ces images de Patrick Taberna, c'est qu'il en a besoin pour vivre... »
En effet, cette photographie est essentielle car elle part d'une nécessité, celle de retrouver et de préserver une part d'enfance, une sorte de « Rosebud » qui nous habite profondément, même si nous l'oublions trop souvent.
Voici également le très beau papier de Luc Desbenoit dans Télérama (Télérama 3185, 26 janvier 2011).