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Mot & merveilles

Un mot plutôt qu’un autre. Pourquoi un mot nous parle-t-il plus qu’un autre ? Pourquoi nous interpelle-t-il ?
Est-ce sa musicalité, son sens ou son histoire qui nous le font préférer à tous les autres ?

Deux invité(e)s se prêtent au jeu, l’un(e) pour l’écrire, l’autre pour l’illustrer, mais sans se concerter !

Commettre

 

Florence a tout de suite eu envie de jouer le jeu. Les deux premiers mots qui lui sont venus à l’esprit ont été « Émulation » et « Commettre ». Va-t-elle se commettre avec le plus ambigu ?

 

Illustration pour le mot « Commettre » par Emmanuelle Hucher, graphiste.

 

Commettre (un ouvrage)

Commettre. Comment compléter ce verbe transitif ? Par du négatif. Commettre un crime, une injustice, des fautes, des actions blâmables…

 


« Ce n’est pas parce qu’on craint de la commettre, mais c’est parce qu’on craint de la subir que l’on blâme l’injustice. »

« Il est souvent plus grand d’avouer ses fautes que de n’en pas commettre. »

« Mieux vaut encore subir l’injure que de la commettre. »

 

Pourquoi tant de haine alors que l’origine du mot commettre est commitere qui signifie « mettre ensemble » ? Et s’il est pronominal ? Encore du négatif… Se commettre, c’est compromettre sa dignité, sa réputation.

Et si vous entendez que votre auteur favori a « commis un nouvel ouvrage », comment allez-vous le prendre ? Commettre un texte, c’est en être l’auteur. Commettre pour écrire, accomplir, créer… « Être auteur », j’ai cru avoir le plaisir de découvrir un sens caché et élégant à un mot vilain, mais en approfondissant, là encore, on trouve un axe bien négatif : puisque dans ce cas, l’intention est de nuire par l’écriture, de mentir et de critiquer par les mots.

Quoi ! des mots sans merveilles ? Des mots pour mettre à mal ? Quelle est la nature d’une telle démarche ? Satire, diatribe, pamphlet… rien de nouveau me direz-vous. L’édition française s’en nourrit. Mais cette expression me déstabilise, comment peut-on écrire pour nuire ? Et encore plus réaliser un livre, cet objet des merveilles, sans une intention positive ? Calmons-nous néanmoins puisque ce verbe ne se conjugue jamais avec le « je » de l’auteur. Personne ne crie : « ça y est, j’ai commis mon ouvrage ! ça va faire mal… ». L’acte n’est donc pas mal intentionné, mais jugé par les lecteurs ennemis. Ah…

Et vous, que commettez-vous en ce moment ?

 


Florence Morel

Free-lance depuis 2003, Florence Morel propose ses services de relecture, réécriture, préparation de copie et mise en pages à des éditeurs et des institutions.

Cet article est tir du numro 5 du webzine https://www.lesmotsdesanges.com/V2 imagin par 4ine et ses invits
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