Épiphanie
Isabelle Tarde, notre Isa toujours pleine d’énergie et de courage, s’est jetée à l’eau, quand la bouche pleine de miettes de la dernière galette de l’année, nous parlions des Mots des anges à des amis venus du Canada. Épiphanie. Voici le mot qu’elle a choisi.
Épiphanie
Épiphanie est un mot qui porte en lui le mystère poétique de la révélation. Il en a la grâce… L’Épiphanie est pour les chrétiens la révélation de la manifestation du Christ dans le monde. Ce fut même jusqu’au Ve siècle la grande et unique fête de la chrétienté.
L’épiphanie est associée pour moi à un imaginaire visuel. Des images liées à la fête d’abord : j’aime celle de mon enfance que j’associe à l’image naïve du calendrier de l’avent où ces mages processionnaires et magnifiques, Melchior l’Africain, Balthazar et Gaspard, se défiant du méchant roi Hérode, viennent déposer leurs offrandes de myrrhe, encens et or aux pieds de l’Enfant Jésus. Il y a celle moins colorée mais plus récente de la salle paroissiale du quartier, où les volutes profuses de l’encensoir ont fait tousser le curé et les fidèles. Et puis bien sûr, il y a celle légèrement nauséeuse des miettes de la énième galette sur l’assiette à gâteaux.
Il faut savoir que ce mot épiphanie n’a pas qu’une acception religieuse. L’épiphanie est devenue poétique, littéraire, artistique, plutôt profane mais toujours élevée. De toutes les épiphanies que recèlent les narrations du moi, je préfère celle d’une amie chère qui, en pèlerinage littéraire, s’est baignée dans l’étang jouxtant la maison d’un grand poète de Nouvelle-Angleterre. Dans cette eau fraîche, le regard vers le ciel que dégageait la trouée des arbres, elle a, m’a-t-elle raconté, vécu une réelle épiphanie. Ça m’a frappé : et dans mes pensées, par la magie d’une révélation subséquente où s’est opéré un véritable décentrement du sujet, l’épiphanie prenait corps et faisait la planche dans un pond.