Transmission
Claudine Alline, qui a toujours mille idées et des tas de projets, a tout de suite su que ce serait Transmission. Peut-être a-t-elle choisi ce mot parce qu’elle est maintenant grand-mère.
Laurent Pflughaupt, que j’ai rencontré aux cours du soir de la ville de Paris où il anime celui d’expression de la lettre et communication, m’a surprise avec une création qui n’est pas une calligraphie.
Je me souviens, étant enfant, de la fascination que certaines images exerçaient sur moi, lorsqu'elles illustraient, dans de grands livres aux odeurs de grenier, les contes d'Edgar Poe ou les récits fabuleux de Jules Verne. J'étais particulièrement sensible alors aux légendes qui les sous-titraient, surtout lorsque celles-ci reprenaient une phrase du texte, suivie de trois petits points qui permettaient à mon imagination de s'envoler vers mille suites possibles. Depuis ce temps, devenu à mon tour faiseur d'images, je choisis souvent d'inclure les légendes à l'intérieur de mes peintures. La calligraphie confère une forme originale aux lettres, aux mots, aux phrases, et les lignes du texte, non plus seulement horizontales mais aussi verticales, obliques ou ondulées, structurent mes compositions, tout en proposant un nouveau chemin à la lecture. La légende est ainsi devenue image dans l'image. […]
Extrait de la préface du livre La Nuit des Princes de Laurent Pflughaupt, aux Editions Alternatives.
Transmission
C’est en cherchant dans mon livre de cuisine, que j’ai réalisé l’importance de la transmission : je voulais faire un gâteau aux abricots, la recette de ma mère, mais je n’ai pas retrouvé le petit papier avec ses indications succinctes (« tu saupoudres de farine » – oui, mais combien de cuillères ? « Le four pas trop chaud… » « Tu vois quand c’est cuit…»). J’ai aussi réalisé la fragilité de la transmission qui repose sur l’oral.
Aujourd’hui, c’est sûr, on passe son temps à transmettre : portable, SMS, e-mails. Je suis bombardée mais bombarde aussi mes amis, ma famille, de choses plus ou moins importantes, de pensées virtuelles, ou papier. Car je continue à découper dans les journaux et envoyer des articles qui j’espère intéresseront leur destinataire (ah ! le plaisir de recevoir par courrier une lettre manuscrite…).
Mais qu’est-ce que la transmission ? Et que transmettre ?
Bien sûr, on pense à l’école, aux connaissances livresques, à l’envie d’apprendre des uns et au plaisir de partager de l’autre. Aux livres, aux devoirs sur table, à l’écrit.
Il y a aussi la transmission du savoir-faire manuel : les séances de bricolage, l’atelier plein d’outils que l’on ne connaît pas, les leçons de tricot, le jardinage avec les échanges de graines, de plantes…
Et puis tout ce que l’on transmet sans toujours le savoir : les valeurs morales, les émotions, la joie de vivre, la gourmandise, la curiosité, les rêves, les habitudes bonnes (ou mauvaises)…
Sur le « comment transmettre », c’est simple :
il s’agit de savoir être soi – avec humilité et curiosité, et apprendre toujours,
il s’agit de savoir faire – écrire, partager, écouter, rire,
il s’agit de savoir dire – communication verbale ou non mais aussi écoute car l’autre nous donne tout en apprenant de nous.
Transmettre, c’est aimer la vie et le montrer pour que d’autres après nous continuent et que l’Humanité progresse.
Elle a bien vite oublié sa vie d’avant (sa vie professionnelle...) mais elle aime toujours autant écrire.