WEBZINE N° 9
Automne 2009

WEBZINE N° 9
Automne 2009
Le son des choses
rencontre
Gyozas japonais au fromage
cuisine
Le chef Yves Camdeborde, portrait
photo
Nectarine or not nectarine, that is the question!
mystère
Les anges
mot
Archives
édito
rencontre
cuisine
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Édito

Le numéro 9 des Mots des anges. Le numéro d’automne.

 

Avec les premiers froids et les jours qui raccourcissent…

Ce numéro qui s’est un peu fait désirer (désolée, désolée) est tourné vers l’ailleurs : par les univers abordés et ceux qui ont participé.

Michel est un Français expatrié aux US mais qui, même loin, sait nous parler des anges. Aussi, le hasard des rencontres a invité deux Japonaises vivant à Paris. Yuko Hirota y est venue pour la musique classique, et Tomoko Nakayasu presque par hasard, mais elle va vous charmer avec une recette si facile qu’elle n’a presque pas osé nous la faire partager. Le photographe Gérard Cambon, quant à lui, nous a entrouvert la porte des chefs et des réfugiés espagnols.

Enfin, pour nous rappeler que l’été n’est pas si loin, Mélipone va nous démêler les histoires de nectarines.

Cette fois encore, j’espère que vous allez prendre autant de plaisir à découvrir ce numéro que j’en ai eu à le faire.

Bienvenue !


4ine
Conceptrice rédactrice

Rencontre avec des êtres extraordinaires

Il est de ces gens dont la rencontre vous ébranle. Par leur volonté et leur intelligence de l’autre. Par leur façon de voir la vie et de la vivre. Par leur engagement dans notre société.

Vous vous sentez grandis de les avoir approchés, regardés ou entendus. Leurs engagements sont pourtant modestes. Ils passent souvent même inaperçus. Ces êtres sont presque anonymes, mais uniquement pour ceux qui sont loin d’eux.
Nous avons voulu leur rendre hommage. Vous les faire rencontrer.

Le son des choses

 

Cette fois-ci, la rencontre va nous plonger dans l’univers de la musique. De son universalité. Et de son intériorité. C’est Francis qui m’a fait découvrir Yuko Hirota : « Vous verrez, m’a-t-il dit, c’est un ange… »

 

Thé japonais dans la jolie théière créée par un de ses amis potiers.

 

Yuko Hirota est japonaise. Menue. Affable et tout en sourire.

Son grand-père paternel était l’un des premiers facteurs de pianos au Japon. Ses deux grands-mères étaient liées au chant traditionnel, l’une chantait le Ko-uta (petit chant), l’autre était professeur de Naga-uta (chant long du théâtre kabuki chanté en s’accompagnant du shamisen).

Yuko étudie le piano dès l’âge de 3 ans. Et remporte plusieurs grands prix. Elle décide de parfaire sa formation en venant en Europe.

Elle va trouver auprès du regretté Louis Hiltbrand, compositeur et professeur de piano de la Classe de virtuosité du Conservatoire de Genève, un véritable maître spirituel. Hiltbrand cherchait sans cesse la Vérité et la voix intérieure.

 

« La voix intérieure, c’est comme le sens et la valeur de ce qu’on ressent, quand cela résonne en soi. Il faut que cela résonne. Sans cette intensité, cette profondeur, cet écho, il n’y a pas de musique, mais seulement des sons – et même pas des sons, des bruits ! Cette écoute est ce qui fait naître la musique. »

 

Histoire d’ogre, conte sans paroles de Yuko.

 

C’est cette extraordinaire qualité d’écoute qui permit à Hiltbrand de rendre sensible l’âme du Japon dans une des œuvres qu’il composa suite à un séjour au Japon qui l’a profondément marqué.

Ses compositions ont bouleversé Yuko et l’ont révélée à sa japonité. Elle suivra l’enseignement de Hiltbrand pendant quatre ans et demi.

Mais pour se lancer dans la composition, elle a besoin de faire une deuxième rencontre majeure, celle du grand psychanalyste jungien Élie G. Humbert qui va la pousser à aller au bout de son « chemin ».

Elle compose pour le piano. Cependant, pour Yuko, la musique ne se limite pas à celle jouée avec les instruments classiques. La musique peut être partout.

Le bruit se fait son, quand le bruissement d’une caisse de pois secs devient un orage ; quand ce n’est plus un vieil emballage de plastique que l’on entend, mais la vague sur la grève…

Elle accueille comme un cadeau du ciel ces sons faits par des objets qui ne sont pas construits pour être des instruments de musique. Pour elle, ce n’est pas un hasard : c’est l’âme sonore des choses.

Elle compose donc pour « les Choses ». Beaucoup pour les pots de fleurs en terre.

Yuko veut faire partager cette expérience et, en 1988, elle fonde un atelier de recherche d’expression sonore et d’improvisation : Le son des choses.

Le son des choses permet à tous de pouvoir s’exprimer, dialoguer, jouer de la musique sans solfège ni technique instrumentale précise. On joue un monologue pour écouter sa musique intérieure. On joue un dialogue avec l’autre, pour la joie de jouer et de s’écouter.

Ces ateliers sont programmés dans plusieurs lieux mais surtout dans la yourte du Lunain.

Et Yuko a encore bien d’autres rêves qu’elle souhaite faire partager. Parmi eux, celui d’un Centre culturel mêlant création, tradition et éducation. Il s’appellera Piano no ki (l’arbre à piano, en japonais). Il ressemblera à 3 manguiers côte à côte : c’est Satoru Nakamura, son ami architecte, qui l’a vu ainsi.

 

La yourte du Lunain où Yuko organise des concerts, des lectures de contes ou des soirées japonaises.

 


Yuko Hirota

« Dans le silence intérieur émergent au bout de mes doigts un espace sonore, une atmosphère, que je peux ensuite sculpter. Ce vide m'accouche d'images vivantes que je peux préciser ensuite peu à peu. Ensuite, mes connaissances théoriques interviennent pour structurer, élaguer et polir cette esquisse, la rendant plus dense. J'espère que l'auditeur peut alors m'accompagner dans ce dépaysement et “repaysement”. Par “repaysement”, je veux dire déconditionnement et donc universalisation, sans tomber pour autant dans le flou ni l'abstrait. Alors, je ne suis plus seulement japonaise, ni même femme, mais humaine. Je veux être seulement plus humaine. Se dépayser, ce serait une ouverture qui rendrait possible du jamais encore conçu… »

​Depuis 1998, l'atelier Le son des choses, qu'elle a fondé, invite à la découverte du son des objets et de leur expressivité sonore. Elle donne également des formations pour des personnes qui sont ou seront éducatrices de ​jeunes enfants ou de personnes handicapées mentales. Elle a réalisé de nombreux spectacles-ateliers pour les enfants.

Cet article est tiré du numéro 9 du webzine https://www.lesmotsdesanges.com/V2 imaginé par 4ine et ses invités

Cuisine imaginaire

Un cuisinier de métier ou un amateur éclairé nous livre une de ses recettes. Mais la condition est qu’elle soit inventée. Qu’on ne puisse pas la trouver dans les livres.

Gyozas japonais au fromage

 

Tomoko Nakayasu m’a été présentée par Xavier, qui veut devenir chef et fréquente ses cours de cuisine.

Je savais que ce serait une bonne recommandation. Tomoko a tout de suite dit oui. En revanche, deux choses la gênaient par rapport à l’idée de recette qu’elle avait en tête : sa facilité déconcertante et le fait que ce soit sa maman, et non elle, qui l’ait imaginée. C’est justement ce qui m’a plu. Une recette que TOUT LE MONDE pouvait réussir et l’idée de la transmission.

À vos baguettes… !

Tomoko Nakayasu m’a donné rendez-vous dans sa mini-boutique à Montmartre, un joyeux capharnaüm plein de jolies surprises japonaises, et ouverte juste quand on ne travaille pas.

 

La mini-boutique Manekineko de Montmartre.

 

Nous montons ensuite dans son atelier où elle donne des cours autour de la culture japonaise, notamment des cours de cuisine depuis 2005.

C’est un petit appartement qui nous transporte au Japon et où l’on se sent tout de suite bien. Tomoko, volubile et souriante, est une hôte parfaite.

 

L’atelier pour les cours et les nappes rigolotes.

 

Les ingrédients pour les gyozas au fromage :

. de la pâte à gyoza japonaise (en sachet de 20 feuilles) vendue dans les épiceries japonaises
. tous les fromages qui vous font envie
. de l’huile végétale pour la friture
. du sel

 

 

1) Faire chauffer l’huile pour la friture (on peut le faire dans une casserole).

2) Y ajouter une pincée de sel.

3) Couper des petits dés ou tranches de fromage.

 

Tomoko coupe le fromage : nous avons du choix !

 

4) Garnir chaque feuille de pâte à gyoza avec un morceau de fromage.

5) Plier la feuille selon la méthode photographiée ci-dessous (1 à 3) en mouillant le pourtour avec le doigt ainsi que les parties à faire adhérer.

 

Pliage des gyozas.

 

Les chips de pâte à gyoza.

 

S’il reste des feuilles, les déchirer à la main en lamelles et les faire frire : cela fait des chips extras que l’on savoure en attendant que les gyozas au fromage soient prêts…

6) Faire frire les gyozas. Ils sont prêts quand ils prennent une jolie couleur blonde (voir ci-dessous).

 

 

7) Servir aussitôt, c’est un régal !

 

 

Tomoko a préféré celui à l’emmental, moi celui au bleu. Nous les avons dégustés avec du thé (il était 11 heures du matin…). Mais avec une salade et un verre de vin à accorder au fromage, c’est une entrée très originale. Et c’est aussi parfait pour un apéritif dînatoire.

 

Photos © 4ine.

 


Tomoko Nakayasu

Si vous souhaitez vous laisser tenter par un cours de cuisine ou d'origami, voir l'agenda sur son site.

Cet article est tiré du numéro 9 du webzine https://www.lesmotsdesanges.com/V2 imaginé par 4ine et ses invités

Ma photo préférée

La règle du jeu : un(e) photographe de métier nous présente parmi toutes ses créations celle qui a sa préférence.
Et il (elle) nous explique pourquoi c’est celle-ci plutôt qu’une autre.

Le chef Yves Camdeborde, portrait

 

Pour une fois, la démarche est venue du photographe. C’est Gérard Cambon qui m’a contactée et proposé sa photo. J’ai eu envie de le rencontrer dès que je l’ai vue. Elle est d’une telle force ! Et si l’on connaît un peu l’univers de la cuisine, d’une telle évidence !

En fait, Gérard n’a pas une mais deux photos préférées. Il va tout nous expliquer.

 

La première photo préférée

 

 

Cette histoire, c’est au départ un livre : Bistrots de Chefs à Paris.

Gérard Cambon était chargé des photos : pour chaque bistrot, le portait du chef et la photo de sa salle et d’un plat dont il livre la recette.

Pour Gérard, la rencontre de cet univers et surtout de ces hommes a été une véritable révélation :

 

« … J’ai une grande admiration pour les chefs cuisiniers que je considère comme des artistes. Leur quotidien est harassant, leurs horaires dignes d’une autre époque. Leur travail est au croisement de deux quêtes : une maîtrise technique irréprochable et une créativité de génie. Dans l’art, ce qui correspond pour moi le mieux à ce mélange de créativité et de maîtrise est, à mon avis, la peinture flamande du XVIIe siècle. Rembrandt, en particulier, m’a inspiré pour réaliser cette série de portraits. Souvent rabelaisiens, les chefs sont parfois irascibles et toujours préoccupés par un intérêt supérieur : les sens. Pour moi, ce sont des hommes d’exception dépositaires d’un savoir à la fois commun et secret. Chamanes d’une ère où les cultures s’influencent, ils font vivre notre patrimoine culturel au prix d’un engagement personnel considérable… »

 

Pour la prise de vue avec Yves Camdeborde, Gérard a dû l’attendre trois heures et faire la photo en cinq minutes. Mais avec un tel modèle, cela a suffi.

Et cette photo se distingue dans la série de portraits. Elle s’impose car il en impose.

Gérard aime le portrait. Parce qu’on est en prise avec l’Autre. Dans chaque rencontre, il y a des éléments qui se font au-delà du langage. Qui passent dans une gestuelle, un niveau de tension, d’attention. Gérard pense que sa photo est réussie quand il y retrouve l’émotion qu’il a eue dans la rencontre.

 

La deuxième photo préférée

Pour celle-ci, il faut remonter à plus longtemps. Gérard est encore un môme. L’anecdote est savoureuse :

 

« … J’ai rencontré la photographie à l’âge de 12 ans. J’ai tout de suite énormément aimé cet outil. J’ai réalisé, à cette époque, une photo à laquelle j’ai souvent repensé par la suite.

Désireux d’en faire mon métier, je suis allé voir le photographe du village d’à côté qui m’a dit : “Mon pauvre ! des photographes, dans vingt ans, il n’y en aura plus…” Alors, j’ai décidé de passer mon bac. Plus tard, j’ai fait une école de fromagerie puis de commerce. Une fois plongé dans le monde du travail, j’ai ressenti le besoin de devenir photographe professionnel.

J’ai ressorti l’hiver dernier cette photo des cartons et, comme je l’aimais bien, j’en ai fait ma carte de vœux. Ce qui m’a frappé, en la revoyant, c’est de voir la solidité de la composition et puis le souvenir d’avoir VU l’image, d’être allé chercher l’appareil et avoir cadré dans un élan instinctif et pur de toute hésitation… »

 

 

 


Gérard Cambon

Photographe indépendant depuis 10 ans, Gérard Cambon axe son travail sur le portrait.

Il est aujourd’hui plus proche de l’univers de la haute gastronomie et tire régulièrement le portrait de célébrités ou de grands chefs pour les revues Gault&Millau, Figures, Le Chef, et les Éditions Déclic ou les Agences Opale et Sipa Press.

 

Passionné d’histoire, Gérard Cambon a eu l’idée d’aller à la rencontre des républicains espagnols. Après soixante ans de silence et d’oubli, il a voulu retrouver et regarder avec respect et sans complaisance ces hommes et ces femmes qui avaient rêvé d’un monde sans dictature et que l’on a enfermés dans des camps en France.

Ce travail sur le portrait a donné lieu à une exposition incroyable Portraits de la Retirada au camp de concentration de Rivesaltes en septembre 2007. L’exposition est devenue depuis itinérante.

 

 Rivesaltes

 

Cet article est tiré du numéro 9 du webzine https://www.lesmotsdesanges.com/V2 imaginé par 4ine et ses invités

Petit mystère de la Nature

On l’a certainement appris à l’école. Ou par un grand-parent plus patient que les autres. Mais on a un peu oublié.

Et on s’est senti trop grand pour oser demander de nous l’expliquer encore une fois.
Nous avons décidé de prendre notre courage à deux mains pour reposer la question et savoir enfin. Une bonne fois pour toutes.

Nectarine or not nectarine, that is the question!

 

Neuvième petit mystère :
« la sélection des variétés de pêches »

Tout a commencé par le clafoutis (la fameuse recette de maman) fait par Mélanie pour un pique-nique à la Villette.

Clafoutis aux abricots et nectarines.

Des nectarines ? N’était-ce pas plutôt des brugnons ? Ou des pêches-abricots ?

Nous n’avons pas réussi à nous mettre d’accord : lequel de ces fruits a la chair blanche ? La chair jaune ? Un noyau libre ou adhérent à la chair ? Greffe de prunier et de pêcher ? Pourquoi pas, tant qu’on y est, avec l’abricotier ?

Jusqu’à imaginer qu’on peut tout faire avec la nature…

Mélipone, toujours modéré, va nous démêler tout cela.

 

 

C’est depuis l’Asie que la pêche a gagné l’Occident, au cours des siècles. Elle devait atteindre d’abord la Perse (d’où son appellation « Prunus persica »), puis l’Arabie, la Mésopotamie et l’Égypte. Connue des Romains, elle mit plusieurs siècles à se faire apprécier chez nous. En effet, au Moyen Âge, on considérait que la pêche était un poison pour l’estomac. C’est à partir du XVIe siècle que sa culture s’intensifia.

La diversité au sein de l’espèce pêcher est très grande : dans le jardin fruitier du roi Soleil à Versailles, il existait une quarantaine de variétés différentes.

Au Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles (Var), la collection française comprend 160 génotypes composés essentiellement d’anciennes variétés d’origine française.

 

 

Malheureusement, dans les années 1980 et 1990, en raison de l’utilisation de variétés sélectionnées uniquement sur des critères agronomiques de productivité, non seulement nous avons abandonné la culture d’une grande partie des variétés, mais la qualité gustative des pêches, notamment celles à chair jaune, s’est considérablement détériorée.

Pour s’y retrouver parmi celles qui nous restent, il faut considérer essentiellement 4 caractéristiques physiques, à savoir :
1. la peau généralement duveteuse ;
2. la couleur apparente de la peau et de la chair du fruit qui peut être blanche, jaune ou sanguine ;
3. l’adhérence de la chair au noyau ;
4. la forme du fruit généralement arrondie mais pouvant être également aplatie.

À partir de ces éléments, on peut distinguer :
– les pêches classiques à peau généralement duveteuse, à noyau adhérent ou non, et dont la chair peut être jaune, blanche ou sanguine ;
– les « nouvelles pêches », qui sont en fait issues du croisement pêcher / prunier (et non pêcher / abricotier). Ces fruits ont la peau lisse des prunes et une chair adhérente (pour le brugnon) ou se détachant facilement (pour la nectarine) ;
– les pêches plates d’origine chinoise.

 

4ine peches-nectarines

 

Nous attendons avec impatience le retour de variétés oubliées et d’une culture et d’une cueillette plus raisonnées pour pouvoir de nouveau manger des pêches avec un vrai goût… de pêche.

Photos © 4ine.


Mélipone

Chercheur honoraire en nutrition animale (ruminants).

La retraite lui laisse peu de temps pour écrire pour Les mots des anges...

Cet article est tiré du numéro 9 du webzine https://www.lesmotsdesanges.com/V2 imaginé par 4ine et ses invités

Mot & merveilles

Un mot plutôt qu’un autre. Pourquoi un mot nous parle-t-il plus qu’un autre ? Pourquoi nous interpelle-t-il ?
Est-ce sa musicalité, son sens ou son histoire qui nous le font préférer à tous les autres ?

Deux invité(e)s se prêtent au jeu, l’un(e) pour l’écrire, l’autre pour l’illustrer, mais sans se concerter !

Les anges

 

L’histoire du mot de Michel Valois a débuté ainsi :

 

« … Quant à écrire quelques lignes pour Mot & merveilles pourquoi pas ? Spécifiquement peut-être sur les “anges” !!!… Connaissez-vous “Dialogues avec les anges” (ou “avec l’ange”, je ne sais plus en français) écrit par Gitta Mallasz avec une pointe de “physique quantique“… Je lis plein de livres où la physique quantique fait bon ménage avec la spiritualité, le bouddhisme, le shamanisme, les anges… ».

 

les-anges

 

Illustration d’Élodie Maravelle qui a eu envie de mettre du rouge car les anges c’est coquin aussi, non ?

 

 


Élodie Maravelle

Graphiste parisienne (avé l'accent du Sud).

 

 

Les anges

Silver Spring, 26 juin 2009

(extrait)

 

Maman, qui était une femme de foi, croyait à nos anges gardiens. Elle leur demandait des services et, à son témoignage, ils les lui rendaient ! Pourtant, bien qu’il soit beaucoup question d’anges dans la Bible, j’avais, je l’avoue, succombé à un certain agnosticisme sur ce plan.

Cela a résulté en partie d’une foi monothéiste tendant à renvoyer tout le surnaturel vers Dieu : les écrits les plus anciens de la Bible racontent des rencontres avec Dieu. Plus tard, les juifs, saisis par la transcendance de l’Éternel, ont pensé : « nul ne peut voir Dieu sans mourir ». De ce fait, dans les écrits tardifs il n’est plus question de rencontres avec Dieu, mais seulement avec des anges. Un regard théologique moderne critique tend à faire disparaître à nouveau les anges en tant qu’êtres personnels pour n’y voir que des « manifestations » de Dieu.

Il y a eu aussi chez moi, il faut bien le dire, l’effet de l’ambiance matérialiste moderne où les adultes ne croient pas plus aux anges qu’au père Noël.

C’est ainsi que j’avais entendu parler d’un livre où il était question d’apparitions d’anges au XXe siècle, et que je n’y avais pas attaché d’importance. Jusqu’au jour, l’an dernier, où un de mes frères, dans un courriel, m’a dit incidemment l’importance de ce livre à ses yeux. Je l’ai acheté et depuis c’est pour moi un livre de chevet, de ceux que l’on absorbe à petites doses.

Les événements se sont déroulés en Hongrie de juin 1943 à novembre 1944. Pendant 17 mois, une fois par semaine, des anges ont dialogué chaque semaine avec quatre jeunes gens qui n’avaient pas eu d’éducation religieuse en tant que telle. Trois furent déportés en tant que juifs et n’en revinrent pas.

La survivante, Gitta Mallasz, qui était graphiste de métier, vint habiter en France en 1960, s’y maria et y mena une vie recluse à la campagne. Elle qui ne connaissait que le hongrois et l’allemand s’était mise au français et s’était attelée à la tâche laborieuse de traduire en français les notes prises sur le vif.

Tout cela restait confidentiel, jusqu’au jour où Claude Mettra, journaliste à France Inter, eut vent de l’existence des carnets. Il invita Gitta à son émission, le 22 avril 1976. Dès le lendemain, la station de radio reçut un déluge de lettres d’auditeurs fascinés. Pour Gitta, ce fut un signe que le temps était venu d’une publication. Aubier-Montaigne accepta immédiatement de publier le manuscrit sous le titre Dialogues avec l’ange. Le livre est aujourd’hui publié dans une bonne douzaine de langues et a fait l’objet d’une réédition enrichie de notes en français. L’écho à ce livre, de par le monde, ne fait que croître. Il est salué pour son importance spirituelle par des gens comme le violoniste Yehudi Menuhin.

Qu’est-ce qu’ils racontent les anges, quand ils parlent ? Ce sont des paroles qui invitent à un développement spirituel, faut-il dire un éveil, comme les bouddhistes, ou une conversion, un retournement comme les évangiles ? Impossible de faire une synthèse en quelques lignes, là où il a fallu 17 mois aux anges pour susciter l’éveil chez ces quatre jeunes gens. Je prends quand même le risque de citer quelques phrases, dans l’espoir de donner envie aux lecteurs de faire eux-mêmes leur propre cheminement en lisant… et relisant le livre.

 

L’éternité n’est pas éternelle répétition

Mais l’éternellement neuf.

 

Avec la lumière et la force qui viennent,

Il n’y aura plus de temples, plus d’églises :

Tout sera temple et église.

 

De Dieu seul vous pouvez recevoir

À tous les autres, donnez !

Vous recevrez tout ce dont vous avez besoin.

 

Si vous avez la foi,

Vous pouvez marcher non seulement sur l’eau,

Mais encore sur le néant, sur le vide obscur.

N’ayez pas peur, faites seulement attention à une chose :

Ne vous penchez pas pour vous appuyer !

Ce qui vous semble votre plus sûr appui

Deviendra le vide obscur

Ne vous accrochez pas à un appui,

Autrement vous deviendriez vous-mêmes le vide obscur

 

Il n’est nul besoin de repentants et d’ascètes

Ils ne sont pas chers au divin.

 

Le monde créé et le monde créant,

Entre eux : l’abîme.

… Vous êtes le pont

Le pont n’est pas le souhait mais la foi…

Est-ce que l’argent peut apporter la délivrance ?

Le sacrifice, la générosité, les bonnes intentions

Ou la philanthropie peuvent-ils apporter la délivrance ?

Tout cela tombe dans le puits sans fond.

 

Qu’est-ce que la liberté ?

Servir ! Si vous servez, vous êtes unis avec le divin

Et vous êtes libres !

 

P.-S. Les dialogues ont eu lieu en hongrois. Je ne dispose pas de la traduction française et ai donc pris le risque de retraduire à partir du texte anglais.

 


Michel Valois

Michel Valois, né en 1938, a été prêtre-ouvrier, économiste et directeur de cabinet, avant de créer une petite entreprise qui a fait faillite et l'a conduit, après des tâtonnements, à se réinventer traducteur. Une douzaine de livres traduits depuis.

Il s'est installé aux États-Unis à 60 ans, il y a onze ans, avec son épouse qui ne trouvait plus de travail en France. Il y sert une nouvelle clientèle composée notamment d'institutions internationales.

Cet article est tiré du numéro 9 du webzine https://www.lesmotsdesanges.com/V2 imaginé par 4ine et ses invités